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JEAN-EDERN HALLIER

LA DECLARATION DE STRASBOURG DE JEAN-EDERN HALLIER par Jean MILOSSIS

                                                           JEAN-EDERN HALLIER

La déclaration de Strasbourg de

 JEAN-EDERN  HALLIER

entretien au Bar du Ritz avec Jean MILOSSIS

 

  • J.Milossis - Le Président Mitterand si demain il mourait, quelle serait votre belle phrase aux journalistes?
    • J.E.Hallier - il a été mon meilleur personnage de roman.
    • J.M.- Et vous Jean-Edern si vous deviez mourir, qu'en diriez-vous?
    • J.E.Hallier - Mitterand a été incapable d'écrire mon roman.
    • J.M.- Enorme succès  pour votre émission sur Paris Première.Lapidé hier, aujourd'hui triomphateur, comment analyser ce succès?
    • J.E.Hallier - Triomphateur humble,je ne fais que défendre ce que j'ai toujours défendu.La télévision vous donne une puissance incroyable. Sans l'avoir voulu j'ai apporté quelque chose à la télévision. Je suis le Jean-Pierre COFFE du consuméring culturel - au lieu de jeter un poireau ou un poulet d'usine je jette Philippe Labro ou je mange Françoise Giroud - le public aime beaucoup ça, ne peut être dupe des produits qu'on lui vend. J'ai une légitimité de goût, puisque je suis un écrivain véritable que ne sont ni Poivre d'Arvor ni Bernard Pivot. C'est un peu comme si Rostropovitch, en parlant de violon, disait : cette fugue est très mal jouée...personne ne le contesterait.
    • J.M.- Une mode Jean-Edern Hallier, ça y est nous y sommes
    • J.E.Hallier - La qualité passe par la provocation aujourd'hui - il faut forcer la note pour se faire entendre.
    • J.M.- L'éditeur Gallimard ne vous envoie plus ses romans depuis que vous avez jeté le roman de Ph.Labro par dessus votre épaule.Que peut-on penser d'une telle grève Gallimard chez Edern Hallier?
    • J.E.Hallier- Je ne me soumets à aucun éditeur mais je me soumets à la qualité des auteurs et peu importe leurs casaques. Gallimard a de très mauvaises habitudes qui consistent à dicter à la critique sa propre vision. Ca marche avec des journalistes ou avec des gens demi-corrompus comme il y en a beaucoup dans le monde llittéraire. Ca ne marche pas avec moi qui ai MES GOUTS ET MES DEGOUTS. Je suis un intermédiaire entre le producteur et le consommateur, ce qui existe de moins en moins dans le livre.
    • J.M.- En parlant d'éditeurs pensez-vous que leurs choix correspondent bien à notre époque , cette fin de siècle ?
    • J.E.Hallier - Oui dans la mesure où vous avez une crise de décadence culturelle effrayante. AUJOURD'HUI CE SONT LES PETITS EDITEURS QUI PUBLIENT LES BONS LIVRES. Les grands éditeurs vivent pour la plupart dans un système qui les oblige à être dans une sorte de course-poursuite de l'argent en publiant de plus en plus de livres avec des rotations de plus en plus rapides qui empêchent les livres de rester en fonds dans les librairies.
    • J.M- Malade, ruiné ...vous vous rattachiez à quoi ?
    • J.E.Hallier - A la littérature, à la poésie, au dessin, au travail, à l'éxigence intérieure.- JE ME SUIS DIT : JE FAIS LA TRAVERSEE DU DESERT ET VIENDRA UN JOUR OU ELLE SE TERMINERA, OU IL Y AURA UNE OASIS, DES DATTES, DES JOLIES CHAMELLES.
    • J.M.- Edern Hallier encore grand séducteur ?
    • J.E.HALLIER - J'ai toujours eu beaucoup de chances auprès des femmes. Elles ont bien tort d'ailleurs. Elles m'abordent de mille manières mais j'ai une garde de corps féminine bien armée qui me protège des autres filles. Si j'adopte une fille, il faut qu'elle soit également adoptée par ma garde - ça se fait dans une collégialité harémique.
    • J.M.- Marguerite Duras disait :" les écrivains provoquent la sexualité à leur endroit. Ce sont des objets sexuels par excellence ".
    • J.E.Hallier - C'était plus intéressant de baiser Anna Karénine qu'une fille d'aujourd'hui. Imaginez l'Ange Bleu avec préservatif....
    • J.M. - On dit que vous êtes réellement aveugle, et pourtant ça paraît assez incroyable de vous voir évoluer librement sur des plateaux de télévision. Mieux encore vous faites du vélo.Je vous ai vu à Deauville... S'agit-il de courage ?
    • J.E.Hallier - J'AI UN COURAGE AVEUGLE.
    • J.M. - Qu'est-ce que vous dites le plus souvent ?
    • J.E.Hallier - Il faut que les écrivains prennent le pouvoir dans les journaux. C'est une condition de survie de l'intelligence.
    • J.M.- Et si Jean -Edern , on vous demandait d'établir ce qu'on pourrait nommer" la Déclaration de Strasbourg" ...?
    • J.E.Hallier- en mots automatiques.........
    • Défense et illustration de l'universalité de la langue française, de la poésie, de l'intelligence vraie, du goût, de l'esprit du XVIIIème siècle.......Nous vivons dans un monde désespérément sans talent. Rendons au talent sa place dans le conformisme ambiant.....Nous vivons dans un monde où ce sont les politicals corrects qui dénoncent les politicals corrects, où se sont les conformistes qui dénoncent les conformistes, et les porte-paroles de la pensée iunique qui dénoncent la pensée unique, les gens de la langue de bois qui dénoncent la langue de bois....pour boucler la boucle. Or le propre de la pensée étant de s'opposer à elle-même, la pensée unique ayant un effet de caricature s'oppose également à la pensée unique...Il nous faut donc être extrêmement rapide, foudroyant, changer de pied à chaque fois et tout le temps aller plus vite que tout le monde.
    • J.M. - Jean-Edern Hallier ?
    • J.E.Hallier - Chez moi c'est un Gai SAVOIR PERMANENT ....( titre de son émission sur Paris Première).

8 juillet 95 Bar du Ritz. - c/1995

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