ALBERT SCHWEITZER

ALBERT SCHWEITZER , avant-gardiste sous les tams-tams

ALBERT SCHWEITZER

ALBERT SCHWEITZER , Avant-gardiste sous les tams-tams

 Jugé indésirable dans la brousse par le ministre des Colonies , le monde étant en guerre et les alsaciens allemands bien malgré eux, Albert SCHWEITZER est prié de quitter le Gabon pour rejoindre le camps de prisonniers de Garaison en France.

Nous sommes en 1917. Embarqué sur le paquebot en Afrique, consigné avec sa femme dans une cabine, juste à côté de la salle des machines, chaleur grossière et bruitage d'enfer, le Docteur blanc lutte contre l'accablement.

Organiste de talent réputé en Europe, sa musique lui manque. Se souvient-il alors de ces matins où , seul à son clavier, il jouait du J.S.BACH à St Nicolas de Strasbourg, de ses soirées d'enfant dans le jardin du presbytère de Gunsbach et de ses promenades, 10 ans plus tôt, sur les berges de l'Ill à Strasbourg en compagnie de Cosima, la veuve de Wagner.

Sur le bateau Afrique, dans son bout de cabine maudite par la chaleur, Schweitzer, doucement promenait ses doigts sur le bois de ce qui pouvait être une table-clavier imaginaire et muet, les pieds battant le sol...sans pédales, sans aucun son, juste pour ne pas oublier la musique, le toucher des doigts sur les touches d'un ivoire qui n'existait que dans sa mémoire.

C'EST COMME CA QU'IL A FAIT ALBERT SCHWEITZER, une image d'Homme-roi qui donnait ses sérénades entre lépreux et hippopotames et qui célébrait le culte , prêchant debout sur le toit d'une baraque devant pélicans et antilopes, élevant la voix pour qu'on l'entende, plus fort que les piaillements des oiseaux-tisserands dans les arbres.

Une image d'homme qui partait de Jésus et se terminait Prix Nobel de la Paix, majestueux, homme de 90 ans, mal aimé de ce monde pour de très faibles raisons obscures, ce monde qui l'avait pourtant sublimé quelques années auparavant.

Docteur Schweitzer est mort le 4 septembre 1965 à Lambaréné et tous les villages de la brousse , en apparat de deuils , plumes, masques , lui rendirent un ultime hommage d'humains à humain.

Epilogue:

Au début de notre siècle, docteur-pirogue, oncle de Sartre, pensait Europe Droits de l'homme écologie humanité comme nous maintenant. Incompris, comme tous les avant-gardistes.

 Jean Milossis - parution 14 février 1993 - c./1993