FLUXUS POUR UN SUJET: YOKO ONO![Yoko ono 23 3 1](/medias/images/yoko-ono-23-3--1.jpg)
ArtBLAtt
Maja Maric
Jean Milossis-Culden
Fluxus pour un sujet *,
YOKO ONO
ArtBLAtt
à Strasbourg
Interview
de Jean Milossis Culden
par
Maja Maric:
-Yoko Ono pourquoi elle ?
Jean Milossis Culden :
-Née en 33 à Tokyo, plasticienne, poète, performeuse, compositrice, écrivaine, cinéaste, usw…c’est pas de moi mais j’ai pioché ça sur Wikipédia. Ensuite Wikipédia termine par une réalité qui m’ennuie sur un certain point « pour le grand public Yoko Ono est notamment connue pour le couple quelle formait depuis 1968 avec John Lennon, le beatles assassiné sous ses yeux un 8 décembre 1980 » Dois-je ajouter quelque chose ?
MM : Oui, même si vous m’aviez mise en garde de ne pas trop évoquer John Lennon
JMC: Oui mais forcément on ne peut s’empêcher de parler de lui. Dans mes montages de peintures, de papiers, de cartons et de tout le reste, j’ai choisi la colle comme média, qui me permettrait d’assembler en les inventant des bouts de vie d’une grande Yoko Ono, je voulais ainsi traîner un peu avec elle. Fréquenter de plus près son esprit absolument libre d’artiste très contemporaine engagée pour la liberté à tout prix. C’est elle qui m’intéresse. Voilà une jeune fille qui est arrivée du Japon à New-York, sort d’une famille aisée, fréquente de bonnes écoles dont elle se fiche, et qui ne souhaite un jour qu’une chose , rejoindre le plus vite possible le groupe artistique Fluxus, qui venait d’être crée par George Maciunas. Elle devint immédiatement une personnalité importante du puzzle Fluxus. Une importante artiste ! Cette importance-là, le monde de l’Art l’a d’ailleurs assez rapidement oubliée dès lors où Yoko a rencontré le Beatles et a vécu avec lui. Evidemment. Le monde ne retenait que Lennon et voyait l’autre comme une harpie, empêcheuse de tourner en rond. Ha. C’est souvent le cas entre artistes mari et femme. On en garde un et l’autre on le met dans un puits, au mépris de tout talent. Je répète d’ailleurs souvent que le talent majeur de Lennon a été de choisir Yoko comme épouse.
MM: Fluxus, donc Joseph Beuys et sa bande ?
JMC : Oui mais pas que lui. Il y a eu bien d’autres, des grands, John Cage entre tous. Ce mouvement Fluxus a été celui qui, après Dada, a attiré des artistes dont « la folie » n’a été que la recherche d’une simplicité primordiale, jamais compliquée, même si souvent elle se montrait riche de contenus-messages… en gros, de ne jamais vivre autre chose que l’enfant grandissant, avec son monde évoluant dans un monde. Fluxus, ce mouvement, n’a aucune ligne directrice ni de réelle définition si ce n’est qu’un vœu de réunir le public et l’art et d’abandonner la notion sacrée d’oeuvre d’art pour inclure l’art dans la vie de tous les jours.
MM: On peut encore être Fluxus aujourd’hui ?
JMC: Evidemment. Aujourd’hui même plus qu’hier. A condition de ne pas être récupéré par la planète des faiseurs aux neurones conquises par l’argent et la célébrité.
MM: Ainsi, dans votre démarche créatrice d’intimité avec Yoko Ono, John Lennon n’était pas le bienvenu, lui le milliardaire aux millions de fans
JMC: Bien sûr que non je n’ai pas exclu Lennon. C’était un mec certainement très bien. Le voilà même devenu, sous mes doigts, privilégié, dans son rôle d’époux de Yoko Ono, de partenaire devenu quelque peu Fluxus, formé par elle, posant photo avec Beuys et John Cage, songwriter interprétant « Imagine » coécrit avec son épouse, co-occupant de leur fameux lit de la Paix, John-Yoko, leur BED-PEACE dans la suite 1742 de l’hôtel Reine Elisabeth de Montréal. Quoi de plus simplement simple et talentueux que de chanter ainsi Give Peace a Chance, en pyjamas dans une piaule grand format devant mille photographes de la planète qui défilaient devant un lit, c’était pas un fait de promo showbiz de quoi que ce soit, tordu comme souvent aujourd’hui, mais honnête, parce que faire la promo de la Paix, ça c’était pas Beatles du tout, mais purement Yoko.
MM: Pourquoi avoir nommé votre mouvement Yoko Ono Brigade, n’est-ce pas un peu guerrier comme appellation ?
JMC: Fallait ça, une armée d’anges…pour une pareille divine, Yoko était une « pléiade » à elle seule. Faut donc du monde …
MM: Yoko a vu votre travail, toute cette série d’œuvres surprenantes?
MJC: Je n’en sais rien mais en tout cas il lui a été envoyé en catalogue et plusieurs sites liés à Yoko Ono en publient fréquemment des photos.
MM : YOKO ONO aurait-elle encore besoin d’être réhabilitée ?
MJC: Oui, mille fois oui. Encore et encore. Yoko Ono, une réelle et grandissime artiste, une artiste bien plus importante que la Tatie Danièle des musées, qu’était Louise Bourgeois. Elle a encore cette sale image qui lui colle à la peau, « la femme de…, « la sorcière jaune qui a détruit l’unité des Beatles », faut balayer tout ça une fois pour toutes, peut-être un jour, après sa mort…Ces mêmes gens et leur haine on pourrait d’ailleurs chercher à les calmer enfin en leur proposant de penser que Yoko et leur John étaient le couple le plus harmonieux de notre temps, un duo esthétique, un couple dandy de la liberté, immanquable à l’histoire artistique du XXème siècle, donc histoire du monde…que ça n’avait rien à voir avec les Beatles, et que Yoko était celle par qui tout avait tenu et bien tenu. Ecoutez ce poème de 1963 d’elle ..
Carry an empty bag
Go to the top of the hill
Pour all the light you can in it
Go home when it is dark
Hang the bag in the middle of your
room in place of a lightbulb